Rencontrons-nous !
Après le Go et le théâtre d’impro, je vous emmène aujourd’hui faire un tour du côté du yoga. En effet, cette discipline procure des bienfaits au travail en général et aussi dans les démarches de coaching, individuel et collectif. Je choisis chacune de ces expériences et de mes partenaires pour offrir à mes clients l’expérience dont ils ont besoin à un moment donné.
Mes lecteurs connaissent mon goût pour les animaux rares et les expériences riches de sens. Manageure dans le secteur public et professeure de yoga, Karine dal Canton réunit toutes ces qualités à la fois. Entretien.
Karine : le yoga s’est vite invité dans ma vie professionnelle. Au début de ma carrière, je me suis retrouvée dans une situation difficile, avec beaucoup de stress. Le yoga m’a immédiatement apporté un ressourcement vital.
C’est le boulot qui m’a amenée au yoga, mais je n’ai pas apporté le yoga au bureau tout de suite. Un collègue prof de yoga m’a suggéré de respirer en réunion, de faire des exercices à divers moments de la journée. C’est discret, rapide… et ça ressource ! C’est devenu une habitude. Parfois, quand je suis vraiment tendue ou fatiguée, je ferme la porte de mon bureau, je me tourne vers la fenêtre et je fais une mini-relaxation de 2-3 minutes. D’autres fois, je fais une méditation marchée sur le chemin de la cantine. J’y arrive la tête vidée de ses préoccupations et l’esprit rafraîchi.
Tu n’es pas la seule ! Les puristes te diront que les pratiques que je viens de te décrire ne sont pas « le yoga vrai ». Mais pour moi, le yoga ce n’est pas que des postures sur un tapis, c’est un mode de vie. Tu peux prendre ou ne pas prendre, prendre ce qui est compatible avec ton rythme et ton cadre de vie. C’est une philosophie de vie que j’ai trouvée bien adaptée à ma vie en entreprise.
Non. J’ai eu des demandes mais je ne souhaite pas tout mélanger. Changer de casquette entre midi et deux vis-à-vis de mes collaborateurs serait déjà source de trop de stress et de mélange des genres. Mais aussi, je suis aussi soumise aux obligations de déontologie du service public. Tout risque de conflit d’intérêt est scruté à la loupe et le yoga véhicule des peurs autour des dérives sectaires qui seraient difficiles à concilier avec mes responsabilités professionnelles. J’ai créé un cours de yoga sur mon lieu de travail il y a quelques années, mais ce n’est pas moi qui enseigne. Je suis manageure au bureau, professeure de yoga et coach en dehors : je trouve mon équilibre de vie comme ça.
Quand un·e client·e vient me voir pour un coaching yoga, le yoga fait partie de la demande initiale. J’adapte une séance au besoin de la personne. J’ai récemment créé une séance pour une assistante à domicile qui souffrait de tendinites, de douleurs posturales. Nous avons affiné ses objectifs et sa séance grâce à un questionnement inspiré du coaching et à présent, elle peut reproduire sa séance chez elle.
Quand il s’agit d’une demande de coaching professionnel classique, je n’introduis pas le yoga d’emblée, mais il arrive presque toujours un moment où j’invite mes coachés à respirer, à développer la conscience de leur corps, à méditer.
Mais oui ! ça a un impact incroyable sur la présence, la disponibilité. Développer la conscience de son corps permet de voir autrement la réalité, d’accéder à une autre source d’information qu’on laisse le plus souvent de côté. Nos douleurs, nos tensions physiques, sont des signaux. Symétriquement, nos croyances limitantes ont un impact sur notre corps. Passer par le corps permet de ressentir les effets de nos croyances limitantes et de changer de perspective, d’identifier d’autres croyances plus soutenantes.
A la fin d’une séance de travail avec un groupe de managers, j’ai proposé une mini-relaxation de 3 minutes. Ils étaient sidérés de l’énergie que ça leur a donné.
Le yoga est une activité sans objectifs de résultats, sans compétition, qui développe l’écoute de soi et des autres, l’acceptation des situations, la connexion à ses ressources. Tout ça par l’expérience. Bien sûr, on peut expliquer a posteriori ce qui se passe, mais l’expérience corporelle est très importante. Nous n’écoutons pas assez notre corps au travail, alors que c’est une source d’information capitale !
C’est vrai, le reste encore un monde très conservateur avec des concours, une vision très intellectuelle du rôle des managers…mais les choses changent. Je rencontrent de plus en plus de DRH qui savent que la prévention des troubles musculo-squelettiques et des risques psychosociaux passe par une meilleure conscience du corps. Des burn-outs, des accidents du travail peuvent être évités par une sensibilisation aux signaux envoyés par notre corps. Je dirais même que la qualité de vie au travail est une porte d’entrée formidable pour le yoga en entreprise. C’est une approche plus respectueuse de l’humain au travail.
On est presque toujours dans le registre de la peur : peur du côté sectaire, peur du ridicule, peur de se montrer vulnérable en public, peur de s’endormir en réunion… Bien sûr, ces objections sont « habillées » : on n’a pas le temps, c’est beaucoup d’argent pour rien, c’est de la câlinothérapie…
Les deux principaux arguments qui permettent de convaincre que le yoga est un investissement gagnant-gagnant sont la qualité de vie au travail et le management de soi. Des bénéfices que j’ai moi-même expérimentés dans ma vie de manageure.
Ils reconnaissent souvent que j’ai une approche différente de l’être humain dans le travail. Ils me disent « toi t’es zen ».
Je confirme !
Le yoga une approche plus respectueuse de l’humain au travail. Il permet de redonner sa place au corps dans notre vie au travail, au bénéfice mutuel des personnes et de l’entreprise.
S’il faut pratiquer régulièrement pour en faire un outil de santé au travail, quelques minutes d’exercices ou de relaxation apportent un vrai plus à une démarche de coaching individuel ou collectif.
Sans expérience émotionnelle, point de changement – 1
Sans expériences émotionnelles, point de changement – 2
Pierre Janet, L’évolution psychologique de la personnalité, 1929