Le burn-out est la maladie professionnelle du siècle. À lire les statistiques, il est de plus en plus répandu, de plus en plus précoce, et la pandémie de Covid a significativement aggravé les choses.
Énumérer les causes d’épuisement professionnel, dénoncer les abus, mettre en place des politiques de qualité de vie au travail ou définir la raison d’être de l’entreprise pour redonner du sens au travail : toutes ces manières de lutter contre le burn-out commencent à ressembler à une longue liste de tentatives de solution qui ne résolvent rien. Hélas, les cas de burn-out augmentent de manière spectaculaire partout.
Cela laisse aux individus une responsabilité croissante dans la gestion de leur santé mentale au travail. Or, nous n’avons pas tous les mêmes fragilités ni les mêmes ressources face à l’épuisement et la dépression.
L’école de Palo Alto identifie 3 logiques de problèmes et 3 types de stratégies pour en sortir. Autant de pistes opérationnelles pour permettre à chacun·e de (re)prendre en main sa propre prévention et de chercher le bon type d’aide quand ça devient nécessaire et avant de perdre vraiment les pédales.
Histoires vraies, prénoms inventés.
En 15 ans, Isabelle a gravi les échelons un par un dans la boîte, connaît tout le monde, et a su s’adapter à toutes les réorganisations, à tous les chefs, à toutes les évolutions du marché. Autant dire qu’elle est précieuse à son entreprise et que tout le monde veut bénéficier de son aide ou de son point de vue. Isabelle a construit toute sa carrière sur sa capacité à rendre service et éviter les conflits. « Non » ne fait pas partie de son vocabulaire.
Avec le télétravail, les discussions informelles sont devenues des visioconférences. Isabelle passe jusqu’à 12 heures par jour en réunion, n’ayant pas toujours le temps de subvenir à ses besoins les plus élémentaires pendant la journée. Alors le travail sur les dossiers, vous pensez bien ! Elle doit travailler tous les week-ends pour avancer sur ses sujets et préparer les réunions de la semaine suivante.
Ses interlocuteurs lui en demandent de plus en plus, Isabelle est devenu irritable et se décrit comme « un hamster qui n’arrive plus à sortir de sa roue ». A la maison, c’est devenu l’enfer : sa fille adolescente est en train de devenir anorexique ; ses copines de marche et de la chorale ne l’ont plus vue depuis des mois malgré la reprise de leurs activités ; l’antenne locale des restos du cœur à laquelle elle a tant donné ne compte plus sur elle.
La demande de coaching qu’elle formule, vigoureusement appuyée par son n+1, ressemble à « aidez-moi à m’organiser pour pouvoir en faire plus et avoir meilleur équilibre pro-perso ».
Elle arrive vite à la conclusion qu’au lieu d’en faire plus, il faudrait qu’elle en fasse moins sous peine de finir en arrêt maladie pour épuisement. Mais comment s’y prendre pour ne fâcher personne ? Clairement, sa peur de déplaire bloque tout changement.
Exténuée, Isabelle décrit ses signes de fatigue : physique, psychique, relationnelle…
Quelles sont les conséquences d’un refus dans son entreprise ? Qu’a-t-elle observé chez d’autres qui ont osé dire non ?
Qu’est-ce qui pourrait lui arriver de pire à elle ? Et qu’est-ce que ça aurait comme conséquences ?
Qu’a-t-elle à perdre à dire non ?
Au fil des conversations, Isabelle a identifié des actions qu’elle se sentait capable de faire :
Isabelle a construit ses défenses pas à pas, tout en restant la collègue généreuse et chaleureuse qu’elle a toujours été et qu’elle a envie de rester. Elle reste réticente à tout risque de conflit mais elle est passée maîtresse dans l’art de ne pas prendre un singe de plus sur ses épaules. Tout en douceur mais avec une fermeté qui s’est affirmée avec le temps.
Qui a le fils, la fille, le petit-fils et la petite-fille ?
Tous ces risques de burn-out partagent un point commun : l’évitement, dicté par une peur. Or plus on évite, plus on se rend incapable d’affronter. Pour aider les personnes prisonnières d’une logique d’évitement qui les pousse au burn-out, il est indispensable de les amener, patiemment, à contempler, puis à affronter ce qu’elles redoutent.
Les organisations, même les mieux intentionnées en demandent toujours plus qu’une personne normalement constituée ne peut donner. Tout conspire à cela : les objectifs inatteignables, la technologie censée nous faire gagner en productivité, les ressources toujours plus rares. Apprendre à se protéger de cette pression systémique est une responsabilité qui pèse de plus en plus sur les individus. Dont acte.
L’épuisement professionnel par excès de contrôle, le syndrome de l’alpiniste
Le syndrome de l’imposteur, une croyance qui mène au burn-out
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