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Le burn-out par évitement, le syndrome du bon soldat

Mis à jour le : 13 janvier 2022

Le burn-out est la maladie professionnelle du siècle. À lire les statistiques, il est de plus en plus répandu, de plus en plus précoce, et la pandémie de Covid a significativement aggravé les choses.

Énumérer les causes d’épuisement professionnel, dénoncer les abus, mettre en place des politiques de qualité de vie au travail ou définir la raison d’être de l’entreprise pour redonner du sens au travail : toutes ces manières de lutter contre le burn-out commencent à ressembler à une longue liste de tentatives de solution qui ne résolvent rien. Hélas, les cas de burn-out augmentent de manière spectaculaire partout.

Cela laisse aux individus une responsabilité croissante dans la gestion de leur santé mentale au travail. Or, nous n’avons pas tous les mêmes fragilités ni les mêmes ressources face à l’épuisement et la dépression.

L’école de Palo Alto identifie 3 logiques de problèmes et 3 types de stratégies pour en sortir. Autant de pistes opérationnelles pour permettre à chacun·e de (re)prendre en main sa propre prévention et de chercher le bon type d’aide quand ça devient nécessaire et avant de perdre vraiment les pédales.

Histoires vraies, prénoms inventés.

Chronique d’un burn-out annoncé

Une collaboratrice en or massif

En 15 ans, Isabelle a gravi les échelons un par un dans la boîte, connaît tout le monde, et a su s’adapter à toutes les réorganisations, à tous les chefs, à toutes les évolutions du marché. Autant dire qu’elle est précieuse à son entreprise et que tout le monde veut bénéficier de son aide ou de son point de vue. Isabelle a construit toute sa carrière sur sa capacité à rendre service et éviter les conflits. « Non » ne fait pas partie de son vocabulaire.

Des circonstances propices au burn-out par évitement

Avec le télétravail, les discussions informelles sont devenues des visioconférences. Isabelle passe jusqu’à 12 heures par jour en réunion, n’ayant pas toujours le temps de subvenir à ses besoins les plus élémentaires pendant la journée. Alors le travail sur les dossiers, vous pensez bien ! Elle doit travailler tous les week-ends pour avancer sur ses sujets et préparer les réunions de la semaine suivante.

Un risque de burn-out par évitement des conflits

Ses interlocuteurs lui en demandent de plus en plus, Isabelle est devenu irritable et se décrit comme « un hamster qui n’arrive plus à sortir de sa roue ». A la maison, c’est devenu l’enfer : sa fille adolescente est en train de devenir anorexique ; ses copines de marche et de la chorale ne l’ont plus vue depuis des mois malgré la reprise de leurs activités ; l’antenne locale des restos du cœur à laquelle elle a tant donné ne compte plus sur elle.

Une demande de coaching qui va dans le sens des tentatives de solution : toujours plus !

La demande de coaching qu’elle formule, vigoureusement appuyée par son n+1, ressemble à « aidez-moi à m’organiser pour pouvoir en faire plus et avoir meilleur équilibre pro-perso ».

Une stratégie de prévention du burn-out en 3 temps

Éprouver les propres limites quand il est encore temps.

Elle arrive vite à la conclusion qu’au lieu d’en faire plus, il faudrait qu’elle en fasse moins sous peine de finir en arrêt maladie pour épuisement. Mais comment s’y prendre pour ne fâcher personne ? Clairement, sa peur de déplaire bloque tout changement.

Exténuée, Isabelle décrit ses signes de fatigue : physique, psychique, relationnelle…

Envisager le pire dans les moindres détails

Quelles sont les conséquences d’un refus dans son entreprise ? Qu’a-t-elle observé chez d’autres qui ont osé dire non ?

Qu’est-ce qui pourrait lui arriver de pire à elle ? Et qu’est-ce que ça aurait comme conséquences ?

Qu’a-t-elle à perdre à dire non ?

Faire des expériences de difficulté croissante

Au fil des conversations, Isabelle a identifié des actions qu’elle se sentait capable de faire :

  • Observer en détail comment s’y prennent celles et ceux qui arrivent à se se déconnecter à 18h tous les soirs.
  • Utiliser les outils technologiques à son avantage, notamment pour rendre une partie de son temps inaccessible aux sollicitations.
  • Interroger les personnes qui la sollicitent sur leurs priorités avant d’accepter une nouvelle sollicitation.
  • Répondre le lundi matin à une sollicitation envoyée le vendredi soir et voir ce qui se passe… ou pas.
  • Etc…

Un burn-out évité de justesse et un sentiment de s’appartenir davantage

Isabelle a construit ses défenses pas à pas, tout en restant la collègue généreuse et chaleureuse qu’elle a toujours été et qu’elle a envie de rester. Elle reste réticente à tout risque de conflit mais elle est passée maîtresse dans l’art de ne pas prendre un singe de plus sur ses épaules. Tout en douceur mais avec une fermeté qui s’est affirmée avec le temps.

Dans la famille burn-out par l’évitement, je demande…

  • Le grand-père : Ghislain fuit une vie de famille qui le déprime dans le travail… jusqu’à l’épuisement.
  • La grand-mère : Lise s’enlise dans des tâches sans valeur ajoutée pour éviter de se confronter au gros projet qu’elle ne sait pas comment aborder.
  • Le père : Paul compense personnellement un défaut d’organisation de son équipe plutôt que d’aller négocier un ajustement de l’organisation avec les personnes concernées.
  • La mère : Véronique s’épuise à remplacer sa collègue depuis 2 ans par peur de perdre son travail.

Qui a le fils, la fille, le petit-fils et la petite-fille ?

Tous ces risques de burn-out partagent un point commun : l’évitement, dicté par une peur. Or plus on évite, plus on se rend incapable d’affronter. Pour aider les personnes prisonnières d’une logique d’évitement qui les pousse au burn-out, il est indispensable de les amener, patiemment, à contempler, puis à affronter ce qu’elles redoutent.

Plus on évite, plus on se rend incapable d’affronter. (Ré)apprendre à faire face, c’est difficile mais c’est possible.

Mes apprentissages à propos du burn-out par évitement

Les organisations, même les mieux intentionnées en demandent toujours plus qu’une personne normalement constituée ne peut donner. Tout conspire à cela : les objectifs inatteignables, la technologie censée nous faire gagner en productivité, les ressources toujours plus rares. Apprendre à se protéger de cette pression systémique est une responsabilité qui pèse de plus en plus sur les individus. Dont acte.

Si vous avez apprécié cet article et voulez en savoir plus sur les différentes logiques pouvant mener au burn-out, je vous invite à lire aussi :

L’épuisement professionnel par excès de contrôle, le syndrome de l’alpiniste

Le syndrome de l’imposteur, une croyance qui mène au burn-out

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