Rencontrons-nous !
Le coaching “sous contrainte” constitue une source d’erreur inépuisable. J’ai accepté de rencontrer une potentielle coachée, qualifiée de difficile par mon donneur d’ordres et sa cheffe, sans pouvoir rencontrer cette dernière. Je me suis retrouvée face à une personne qui refusait toute remise en cause personnelle, et qui renvoyait la responsabilité à sa hiérarchie.
Cette mésaventure m’a appris qu’avoir accès à la personne demandeuse d’un changement est une condition indispensable avant d’accepter d’intervenir. Il s’agit là de comprendre ce qui se joue dans une demande de coaching dit “sous contrainte”, c’est-à-dire quand le ou la bénéficiaire n’a rien demandé.
Nicolas, un responsable Talent Development que j’ai connu en formation au coaching m’appelle pour coacher une cadre supérieure de son entreprise, dont la directrice se plaint abondamment. D’après Nicolas, la directrice a d’excellentes raisons de se plaindre et il est urgent de coacher Pimprenelle pour lui apprendre les bonnes manières. “Tu vas voir, c’est un cas difficile, me confie-t-il, mais tu as les épaules pour ça.“
Et Nicolas de me décrire par le menu comment lui, coach diplômé, analyse le problème de Pimprenelle. Je demande à Nicolas si je peux rencontrer la directrice demandeuse de ce coaching. Pas question. C’est Pimprenelle qui a un problème et qui doit être coachée pour changer de comportement, point final. « Je sais de quoi je parle, tout de même ! », s’agace Nicolas.
Quelques jours plus tard, Pimprenelle prend contact avec moi pour un rendez-vous… à un mois de là. Le jour dit, elle entame l’entretien sur un ton fort désagréable.
– Bon alors. Vous avez été briefée par ma directrice. Qu’est-ce qu’elle vous a dit ?
– Je n’ai pas été briefée par votre directrice mais par Nicolas.
– Quoi ?!? Elle n’a même pas eu le courage de vous briefer !?! Alors non seulement cette femme est d’une incompétence rare, mais en plus elle n’a même pas les cou*lles de vous dire ce dont elle se plaint ! Évidemment, il faudrait qu’elle se plaigne de sa propre incompétence, c’est logique ! Ce coaching est une injustice absolue ! C’est elle qui a un problème, pas moi ! Ne le prenez pas personnellement, mais il n’est pas question que je me fasse coacher dans ces conditions.
Nicolas m’a dit, d’un air désabusé : “Je t’avais bien dit, qu’elle était ingérable. Tu es la 5ème coach qu’elle envoie bouler.”
Saison 1 : un florilège de mes erreurs de coach indépendante, façon vis ma vie
Saison 2 : il n’y pas que les coachs qui font des erreurs et surtout, qui apprennent de leurs erreurs. Découvrez les témoignages de pros de tous horizons professionnels.