Les trois choses les plus difficiles à dire sont :
1. j’ai eu tort.
2. j’ai besoin d’aide.
3. Worcestershire Sauce.
En voyant cette blague postée par un ami, j’ai ri de bon cœur... Avant de me rendre compte que je n’étais pas d’accord. En tout cas pas toujours. En tant que coach systémique, j’ai appris à me méfier de ces généralités qui, appliquées sans tenir compte du contexte, peuvent aggraver les problèmes qu’elles sont censées résoudre.
Quelques contre-exemples.
J’ai eu tort
Acte I
Nolwenn est très fière de son rapport de projet, peaufiné et validé avec toutes les personnes concernées, notamment une collègue qu’elle cite en longueur dans son rapport. Le jour de la présentation au comité de direction, elle se fait violemment prendre à partie devant toute l’équipe par Christian, le directeur commercial, qui qualifie la présentation de Nolwenn d’affront personnel – rien que ça. Atterrée, Nolwenn s’empresse de s’excuser et tente de d’arguer de sa bonne foi. Christian se déchaîne, provoquant des remarques désobligeantes de plusieurs participants et le silence gêné du reste du Codir. Morte de honte, Nolwenn n’ose plus prendre la parole de toute la réunion.
Acte II
Sans donner son point de vue sur l’incident, la Directrice Générale pose alors trois questions à Christian,
– DG : Qu’est-ce qui te met en colère comme ça ?
– Christian : La hiérarchie n’a pas été respectée.
– DG : Cette règle avait-elle été explicitement posée comme préalable au travail de Nolwenn ?
– Christian : … Non.
– DG : Puisque tu exprimes un besoin de règle pour la conduite de ce projet, quelle serait la bonne règle pour toi ?
– Christian : Personne n’a le droit de parler à mes équipes sans mon autorisation.
– DG : Je ne peux personnellement m’engager à une règle aussi stricte. Notre organisation repose sur la coopération transversale. Qu’en pensent les autres ?
– Les autres participants : Ah ben, moi non plus, parce que…
Au bout du compte, une règle est définie collectivement. Il ressort de ce « discours de la méthode » collectif que la méthode et la présentation de Nolwenn n’ont rien à se reprocher.
Nolwenn a eu tort… de se précipiter à dire qu’elle avait tort !
Comme on le voit dans l’acte II, la position de Christian ne résiste pas à quelques questions bien ciblées. Être accusé.e ne suffit pas à prouver la culpabilité. Mais reconnaître trop vite qu’on a eu tort, c’est donner raison à l’accusation.
“On ne sait jamais qui a raison ou qui a tort. C’est difficile de juger. Moi, j’ai longtemps donné raison à tout le monde. Jusqu’au jour où je me suis aperçu que la plupart des gens à qui je donnais raison avaient tort !” Raymond Devos
J’ai besoin d’aide
Vincent a pris quelques grosses claques avec un client difficile. A tel point qu’il a eu peur de se faire virer. Depuis, à chaque fois qu’il rencontre une difficulté, il en parle autour de lui. Demande des conseils à une, deux, trois, dix personnes. Au bout du compte, il s’en sort auprès des clients, mais plus le temps passe, plus il a le sentiment de ne pas y arriver par ses propres moyens.
À trop demander d’aide, Vincent aggrave sa perte de confiance en lui
On dit d’un cavalier qui vient de tomber de cheval qu’il doit remonter sans attendre, autant pour oublier qu’il a mal au derrière et à son amour-propre que pour affronter sa peur. En demandant de l’aide à répétition, Vincent évite d’affronter sa peur et se persuade à chaque obstacle passé avec l’aide des autres que sans eux, il n’y arriverait pas.
Des exceptions ? Mais toutes les difficultés que nous n’arrivons pas à résoudre avec nos routines de base sont des exceptions, qui ne se résolvent pas a coup de généralités !
D’aucuns diront que ce genre de situation n’arrive qu’à des gens qui manquent trop de confiance en eux pour se défendre ou être autonomes. De fait, je connais plus de gens qui sont prêts à vendre père et mère pour avoir raison plutôt que de reconnaître qu’ils ont tort ; les personnes qui ne demandent pas assez d’aide sont aussi plus nombreuses que celles qui en demandent trop, du moins dans mon entourage.
Il n’en reste pas moins que nul n’est à l’abri :
d’une réaction inattendue, qui rend nos comportements « efficaces par défaut » inopérants, voire contre-productifs.
d’une panne de confiance en soi, y compris les dirigeants les plus aguerris.
d’un mauvais conseil.
Quand une personne se trouve dans une situation problématique, les 3 choses les plus difficiles à dire sont :
En quoi cette situation est-elle un problème pour moi ?
Quel est mon rôle dans le fonctionnement du problème ?
Qu’est-ce qui est de mon ressort et qui peut contribuer à résoudre le problème ?
Mon rôle de coach, c’est de vous aider à répondre à ces questions.
Worcestershire Sauce
Là, je suis d’accord: c’est vraiment un truc impossible à dire.