Rencontrons-nous !
Dans ma pratique du coaching systémique en entreprise, je reçois souvent des demandes de coaching qui s’apparentent à de la réparation individuelle. « Machin a besoin d’un coaching pour reprendre confiance en lui». « Bidule a besoin d’être coachée, sa nouvelle n+1 trouve qu’elle n’est pas à la hauteur des enjeux ». Ou encore, « Truc a de bons résultats, mais la manière n’y est pas : un coaching lui fera du bien. »
La prolifération des outils de profilage psychométrique et de feedback à 360° encourage cette vision individualiste du coaching professionnel. De plus en plus de leaders vivent sous la surveillance constante d’indicateurs comportementaux. Grâce à des technologies toujours plus intrusives, ces outils signalent aux leaders leurs « opportunités de développement », pour reprendre leur novlangue euphémisée.
Mon expérience m’a enseigné que cette approche n’est pas toujours la plus efficace. Les approches alternatives, qui mettent l’accent sur la relation plus que sur l’individu, donnent de meilleurs résultats. Visite guidée.
Fréquemment, les responsables hiérarchiques et les RH évoquent des besoins potentiels de coaching pendant les comités d’évaluation. C’est en effet le moment où hiérarchie et Ressources Humaines font un point périodique sur les performances individuelles. En l’absence des personnes intéressées la plupart du temps, cette précision a son importance.
La proposition vient souvent à l’appui d’un refus de prime, d’augmentation ou de promotion. Et ce sont souvent les RH qui doivent se charger de transmettre le message aux “bénéficiaires”, se retrouvant de facto entre le marteau et l’enclume :
– Le marteau : je t’assure, je lui ai dit vingt fois qu’il devait progresser sur ce point !
– L’enclume : sérieusement ? c’est la première fois que j’en entends parler. C’est tout ce que vous avez trouvé pour me refiler une note pourrie cette année ?
Bref, vu comme ça, et même en y mettant les formes, le coaching a de bonnes chances d’être perçu comme une punition.
Peu nombreux.ses seront celles et ceux qui déclineront la proposition de coaching : refuser une « opportunité de développement », c’est prendre le risque de passer pour un.e rebelle ou un.e arrogant.e et peu s’y risquent. En revanche, la motivation à utiliser le coaching pour réaliser les changements demandés par n+1 risque d’être faible. Dans beaucoup de cas, les coachés désignés utilisent leur temps de coaching pour se justifier et se plaindre de leur n+1. Par ailleurs, je me rends souvent compte que les comportements jugés problématiques par n+1 sont des solutions… du point de vue de n !
C’est très facile et surtout très confortable pour des n+1 de considérer qu’ils ont fait leur devoir en envoyant un membre de leur équipe en coaching, un peu comme on dépose sa voiture chez le garagiste. On s’en remet à un.e spécialiste et on récupère ses collaborateurs « réparés » des défauts qu’on leur trouve. Sérieusement ? Qui peut croire qu’un être humain va se laisser modeler comme ça, au gré des desiderata de sa hiérarchie ?
Et pourtant, nombre de coachings sont cadrés exactement comme ça. Toute la responsabilité sur les épaules de la personne désignée pour le coaching, aucune sur celles de son n+1 ou de son entourage.
Dans la majorité des situations où des collaborateurs ont été obligés de prendre sur leurs épaules toute la responsabilité du changement, j’observe deux phénomènes :
Dans certains cas ça arrange tout le monde… Mais je ne suis pas sûre que ce soit la majorité de l’espèce.
Par principe, je demande toujours à avoir un échange avec la personne demandeuse quand celle-ci n’est pas la personne désignée pour le coaching. J’ai besoin de savoir :
Toutes ces questions ont pour but de situer le comportement de la personne à coacher dans un contexte relationnel. En filigrane, n+1 est amené à se poser la question de son rôle dans l’apparition, voire dans l’entretien des comportements problématiques. Même si, au fond, n+1 a au moins autant besoin de coaching que la personne désignée, il est souvent malvenu diplomatiquement de le lui proposer. Il faut donc pouvoir interagir avec n+1 sans le.la coacher ouvertement.
La contractualisation tripartite d’un coaching systémique a un triple objectif :
Cette implication du n+1 sponsor ne prétend pas faire des miracles. Elle permet cependant de focaliser le coaching systémique sur l’amélioration de la relation, par une répartition plus équilibrée des responsabilités entre les 2 parties.
Les Ressources Humaines se sont, au fil des années, positionnées comme des alliées irremplaçables dans le cadrage de ce type de coaching, pour :
Le coaching individuel a-t-il un sens pour un coach systémique ?