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Chères Erreurs, 40 chroniques pour transformer les boulettes en pépites

Un voyage dans la vraie vie d’une coach indépendante… pour faire la paix avec vos erreurs et en faire votre meilleure école de coaching !

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Couverture de Chères Erreurs, de Cécile Gevrey-Guinnebault

J’ai montré mes vulnérabilités trop vite à ma nouvelle cheffe

Mis à jour le : 8 novembre 2024
Chris a eu plusieurs vies : metteuse en scène, proviseure adjointe, et maintenant thérapeute. C'et une femme d'une sensibilité, d'une créativité et d'une générosité étonnantes. Si elle a appelé son cabinet Lobster Coaching, c'est que comme les homards, elle a mué plusieurs fois. Lors de chaque mue, elle a fait l'expérience de la vulnérabilité, sans la protection de sa carapace. Et parfois, ça s'est mal passé.

Peux-tu nous planter le décor de ton erreur ?

Après 2 postes de proviseur adjoint en lycée professionnel dans des Zones d’Éducation Prioritaire, je prends un nouveau poste dans un grand lycée général et technologique d’une zone favorisée du 92. La proviseure arrive en même temps que moi à la rentrée de septembre. Je décide de jouer la transparence avec elle et lui explique que, deux ans auparavant, j’ai dû m’arrêter 9 mois pour burnout. Je suis assez fière car, grâce à cette situation, j’ai beaucoup appris, beaucoup travaillé sur moi et j’ai pu ainsi me reconstruire plus forte. La preuve, l’année passée, nous avons géré, ma collègue proviseure et moi, une situation d’établissement extrêmement complexe avec brio.

Le 18 novembre je suis hospitalisée d’urgence pour une méningite. Parallèlement, ma mère entre en phase terminale de son cancer. Je suis en arrêt maladie, cependant je décide de revenir au lycée, 15 jours avant les vacances de Noël (alors que le médecin avait prévu que je revienne travailler en janvier) pour assurer mes conseils de classe.

Le 24 décembre je ferme mon bureau épuisée, rejoins ma famille en Bretagne. Ma mère décède le 25. Pendant les vacances je gère cérémonie, crémation et tutti quanti…

Quelques jours après la rentrée de janvier, ma cheffe me convoque pour un entretien. Comme, nous n’avons aucun lien hiérarchique (notre supérieur étant le Directeur Académique), je vis cet entretien comme une conversation entre collègues. Dans mes deux précédents postes, j’avais travaillé avec 4 autres chefs et effectivement, si quelque chose n’allait pas, nous conversions porte fermée, nous disions les choses ce qui permettait de les réajuster. Tout se passait en bonne intelligence.

À quel moment as-tu commencé à sentir que tu faisais erreur ?

Pendant l’entretien, elle m’explique que je ne suis pas au niveau de mon poste. J’essaie de me justifier :

  1. C’est un établissement complexe et il faut du temps pour comprendre tout ce qui s’y passe surtout que je n’ai jamais travaillé en lycée général… Celui-ci étant un des plus complexe de la Région…
  2. Je suis super investie, la preuve, je suis revenue travailler contre avis médical, pour assurer mes conseils de classe
  3. Ma mère viens de mourir et, bien sûr, je suis vraiment très affectée et je reconnais que c’est une période compliquée pour moi. Cependant, je fais tout ce que je peux pour que rien ne paraisse.

Dans la conversation, elle me dit que suite à mon burnout d’il y a deux ans, je ne suis peut-être pas en capacité d’assurer mes fonctions de direction et que je devrais penser à redevenir CPE… Que l’Éducation Nationale a cette capacité à donner à des gens incompétents des fonctions qu’ils ne peuvent pas tenir pour les mettre en difficulté… Je sors de son bureau, un peu choquée qu’elle me dise ce genre de choses, mais bon, un peu rassurée me disant qu’il s’agissait, d’un réajustement logique dans une équipe de direction, qu’effectivement, je n’étais pas au top et que j’allais faire des efforts.

15 jours plus tard, je trouve, dans mon casier de courrier, un rapport disciplinaire relatant la conversation dans des termes me faisant reconnaitre un défaut d’investissement au sein de mon travail.

Qu’as-tu appris de cette erreur ?

  1. Quand un médecin te donne un arrêt de travail, ne pas le négocier à la baisse. Il sait de combien de temps tu as besoin pour être en capacité de retourner travailler.
  2. Ne jamais retourner travailler dans un état d’épuisement (la méningite ça m’avait vraiment secouée, j’aurais même dû prolonger car le décès de ma mère m’avait fragilisée).
  3. Que ce n’est pas parce que nous avons travaillé précédemment avec des collègues en toute confiance, bienveillance, et en toute transparence que tout le monde fonctionne ainsi.

Effectivement il y a, dans l’Éducation Nationale (et ailleurs), quelques personnes malveillantes capables d’utiliser tes faiblesses pour te laminer. Cela m’a appris, à apprendre de connaître davantage les personnes avec qui je travaille avant de me sentir totalement en confiance avec elles et de leur livrer des choses plus personnelles.

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