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Je n’ai pas compris qu’on pouvait accepter un poste par déférence

Mis à jour le : 30 août 2024
Jérôme* a managé plusieurs filiales de son groupe, sur quatre continents. Chacune de ses expériences à l'international lui a permis de développer une grande sensibilité interculturelle. Ça n'a pas été sans quelques erreurs, qui ont fait de lui le leader empathique qu'il est aujourd'hui.

Peux-tu nous planter le décor de ton erreur ?

J’étais directeur régional d’une filiale à Singapour. Nous recrutions un chef de secteur, chargé des relations avec une partie de nos distributeurs de la région. Le président français de la société était par ailleurs prof à HEC. Il nous avait recommandé son candidat, un Chinois qu’il avait eu comme étudiant et qu’il jugeait brillant.

Lors de l’entretien, j’ai un doute sur la motivation du candidat. Mais s’il accepte le poste, je présume qu’il a la motivation pour le prendre. Je mets donc un avis favorable en mentionnant cette interrogation. Le processus de recrutement suit son cours jusqu’à l’embauche de ce candidat.

À quel moment as-tu commencé à sentir que tu faisais erreur ?

Dès son arrivée, ce jeune homme a montré un manque d’intérêt absolument flagrant pour son poste. Il était du genre à faire la sieste dans la voiture quand il était en déplacement avec ses distributeurs dans les pays… Alors que c’était le moment où jamais de créer des liens et d’apprendre des tas de choses sur son secteur !!!

Au bout de quelques mois, j’en ai parlé avec mon Président qui était bien embêté. Heureusement, il a convenu que garder ce Chef de Secteur ne rendait service à personne. Ni à l’intéressé qui s’ennuyait ferme, ni à l’entreprise dont les résultats allaient en pâtir. Nous l’avons laissé partir d’une manière qui permettait à tout le monde de sauver la face.

Qu’as-tu appris de cette erreur ?

Acceptation n’est pas synonyme de motivation !

La déférence vis-à-vis d’une personne d’autorité (en l’occurrence un Président- Professeur) rend le refus impossible pour certaines personnes. C’est particulièrement vrai pour des Chinois, qui ne se permettront jamais de faire perdre la face à un interlocuteur haut placé. Mais c’est vrai chez nous aussi. Dire “non” au Chef, c’est plus compliqué pour beaucoup de gens que pour moi, qui fais partie de comités de direction depuis déjà longtemps.

Depuis, je suis beaucoup plus vigilant sur la motivation réelle des personnes que je reçois en vue d’un recrutement !

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