Rencontrons-nous !
C’était mon premier poste dans une usine de parfums. Dans le cadre de mon intégration, je devais tenir pendant 2 mois le poste de Responsable d’Atelier. Mon rôle consistait à gérer les plannings, les effectifs, le reporting, les interfaces avec les autres services. Chaque semaine, une ouvrière (il n’y avait que des femmes) devait prendre le rôle de coordinatrice pour gérer au plus près du terrain les difficultés opérationnelles rencontrées par son équipe.
Pendant quelques semaines, j’ai pu fonctionner au volontariat. Puis quand celui-ci s’est tari, j’ai pris l’initiative de désigner une ouvrière. La voyant réticente, je l’ai poussée un peu et ai cherché à la rassurer. Moi aussi j’étais timide à l’époque, et il fallait me pousser pour me faire faire certaines choses. Cette ouvrière a tenu le poste de coordinatrice pendant une semaine complète, sous ma supervision… lointaine.
Le vendredi après-midi, je demande à la coordinatrice que j’avais désignée : « Alors, ça s’est bien passé” ? Et là, en larmes, l’ouvrière me raconte l’enfer que cette semaine a été pour elle : les critiques des collègues, la pression qu’elle avait ressentie, le sentiment de ne plus être à sa place. Moi qui pensais avoir bien fait lui appliquant une méthode qui marchait bien avec moi… Je lui avais infligé une épreuve dont elle ne voulait à aucun prix et qui la mettait en porte-à-faux vis-à-vis de ses collègues !
Plein de choses qui m’ont servi pendant toute ma vie professionnelle :
Grâce à cette erreur, j’ai appris que même tout près de chez moi, je serais toujours en situation de manager gens qui ont des tempéraments et des mentalités différents des miens. Ça m’a beaucoup aidé à développer une sensibilité interculturelle dans mes postes à l’étranger.