Gérer son temps ou gérer son énergie ? Pour moi, le choix est clair. Nous sommes arrivés aux limites de l’injonction de productivité et des techniques de gestion du temps, à tel point que mes clients passent presque 100% de leur temps en alerte stress rouge – écarlate. Vacances comprises.
« Chez nous, on court le « sprintathlon » tous les jours ! Ceux qui n’ont pas une hygiène de vie en acier partent en burn-out au bout de quelques mois. »
« Si seulement j’arrivais à déléguer une partie de ma charge mentale, je pourrais assurer de front ma vie professionnelle et ma vie familiale. Mais déjà là, j’ai du mal. Alors prendre soin de moi, ce sera dans une autre vie. »
« C’est à moi d’assurer la gestion de mon niveau de stress et de ma charge de travail. Tant que je n’aurai pas appris à dire non, je travaillerai tous les week-ends. Mais rien que l’idée de dire non à mon DG est stressante !»
Gérer son temps, c’est continuer à tourner dans sa roue pour en faire toujours plus. Gérer son énergie, c’est faire une place à ses besoins fondamentaux. Et ça me paraît plus efficace pour gérer son stress dans la durée. Car contrairement au temps, l’énergie est une ressource renouvelable.
Mieux gérer son énergie demande tout d’abord une bonne connaissance de soi. Cela demande ensuite de développer de l’empathie réciproque avec son entourage immédiat, pour trouver des ajustements pertinents et équilibrés. Enfin, il s’agit de s’approprier des bonnes pratiques qui ne sont évidentes que jusqu’au moment où on essaie de les adopter.
Je m’appuie sur ma pratique de coach systémicienne pour accompagner mes clients dans ces trois étapes.
Dans L’histoire de la fatigue, Georges Vigarello confirme et met en perspective ce que mes clients me disent à longueur de séance de coaching :
En effet, La pénibilité du travail n’est plus physique, en tout cas pour les cadres et dirigeants que j’accompagne. Elle est en revanche psychique et émotionnelle. Au vu des statistiques que j’évoquais dans ma série d’articles sur le burn-out, cette nouvelle forme fatigue est en train de devenir une épidémie.
Le plus souvent, la fatigue est associée à l’intensification du stress de la vie quotidienne, et pas seulement en milieu professionnel. La plupart des personnes que j’accompagne ont toujours connu des périodes de stress intense, dans leur vie professionnelle comme personnelle. Mais ces périodes étaient suivies d’accalmies qui leur permettaient de récupérer, au travail comme à la maison.
De l’avis général, ces accalmies se sont raccourcies, raréfiées, jusqu’à parfois disparaître. Quand nos mails nous accompagnent jusqu’en vacances, ou que des notifications électroniques nous réveillent en pleine nuit… On ne peut s’empêcher de constater les effets néfastes de ces outils qui nous ont fait gagner du temps. La tyrannie de l’urgence, créée par l’injonction de productivité et amplifiée par nos outils numériques, a fini par générer un stress permanent et un sentiment de perte de contrôle de notre temps et de nos priorités.
Georges Vigarello signale que l’augmentation du niveau de fatigue n’est pas mesurable objectivement. En revanche, les gens en parlent plus car selon lui, la société individualiste nous incite à nous écouter davantage. Cela dit, l’individualisme amène aussi à une individualisation du stress, notamment en milieu professionnel. Celle-ci a culminé pendant la pandémie, où les moments et les espaces de travail et de vie personnelle ont fusionné. Les personnes en télétravail forcé se sont retrouvées à devoir gérer des causes de stress nouvelles et multiples sans aucune possibilité de canaliser leur stress, par l’activité physique, notamment.
Enfin, le sentiment de passer son temps à gérer la pression de l’urgence génère des frustrations récurrentes. Les plus fréquemment citées sont l’incapacité à prioriser, le sentiment d’impuissance et la perte de sens. Ces frustrations ne tardent généralement pas à se traduire par des symptômes de stress aigu et chronique. Entre autres : troubles du sommeil, pensées négatives, difficultés relationnelles, mal-être et troubles anxieuxgénéralisés, parfois jusqu’au burn-out.
Cette longue description de la spirale infernale de l’épuisement a un seul objectif. Elle permet de montrer que mieux gérer son temps et uniquement son temps est une impasse à moyen terme.
À l’inverse, gérer son énergie de manière à être productifs quand nous en avons besoin permet de trouver des équilibres beaucoup plus durables. Mieux gérer son énergie, c’est faire la bonne activité au bon moment, et surtout se donner des moments et des espaces de récupération, pour le corps et l’esprit.
Notre énergie fluctue en fonction de trois facteurs :
Nous avons tous des rythmes biologiques différents :
Ces cycles se combinent de manière différente selon les individus. Dès qu’on vit en groupe, c’est-à-dire la plupart du temps, ces différences de rythme biologique peuvent poser des difficultés relationnelles.
Depuis la seconde moitié du XXème siècle, la recherche de performance sportive a successivement mis en évidence 4 sources d’énergie.
Ces 4 sources de performance ont émergé l’une après l’autre dans les commentaires des journalistes et les propos des sportifs eux-mêmes.
Dans les années 1990, ces apprentissages ont été transposés au monde de l’entreprise. Le « corporate athlete » était né. Une condition physique parfaite ne suffisait pas pour générer des performances sportives durables. Symétriquement, une tête bien faite ne suffisait pas à générer des performances durables dans le monde des affaires : les cadres se sont mis à faire du sport, parfois même dans des salles aménagées spécialement par leurs employeurs.
Puis on a commencé à se rendre compte que les cloisons émotionnelles entre vie privée et vie professionnelle étaient poreuses. Que des émotions bien prises en compte pouvaient amplifier la performance, alors que des émotions réprimées la freinaient.
Pour finir, la recherche de sens et d’impact est devenue l’attente-reine des années 2020, boostée par l’épidémie de COVID et la crise climatique.
À quelques nuances ou contributions personnelles près, les bonnes pratiques pour mieux gérer son énergie se résument toutes à la même liste, trop vaste et trop générique à mon goût.
Celles et ceux qui me connaissent savent que je ne me contente pas de généralités. Une pratique n’est bonne qu’adaptée aux besoins d’un individu ou d’un groupe, dans un contexte donné. Dans cette optique, j’ai identifié trois leviers qui permettent d’obtenir des résultats personnalisés, tangibles et durables.
Chacune et chacun d’entre nous est un cas particulier. Quitte à s’écouter davantage, autant s’écouter avec attention et précision, en s’aidant de supports adaptés :
Pour les cycles :
Pour les sources d’énergie :
En posant ces questions en coaching individuel, je me rendu compte que ces notions sont connues. Cela dit, leur impact sur notre qualité de vie sont floues. Un travail d’introspection fouillé permet de cibler précisément les situations, les moments ou activités générateurs de stress ou régénérateurs d’énergie. Ce faisant, avant même de chercher des solutions de réduction du stress, une grosse partie du travail est déjà faite.
Ensuite à la demande de deux de mes chères clientes, j’ai développé ce questionnement pour des groupes, et notamment pour des équipes. J’ai alors pris conscience que partager cette introspection avait un effet sur les relations au sein de l’équipe. En effet, cela permet de :
La gestion du stress et de son énergie, c’est avant tout une question d’habitudes et de routines. Il s’agit autant d’identifier les bonnes pratiques que de les intégrer à son quotidien… Sans rajouter du stress supplémentaire à celui qu’on essaie de réduire.
A cette fin, James Clear propose une méthode très efficace de création d’habitudes durables. Pour lui, les grands changements proviennent de l’effet cumulé de petits changements maintenus dans la durée. Il vaut donc mieux mettre en place un seul petit changement et s’y tenir, plutôt que de se disperser, puis tout jeter aux orties sans avoir résolu son problème.
Dans son approche, il montre comment agir sur l’environnement permet de solliciter la volonté le moins possible. Un changement que l’on rend évident, attirant, facile et gratifiant multiplie les chances de créer des habitudes que nous garderons.
Ce travail de modification de la relation entre une personne ou un groupe et son environnement est très voisin du travail systémique que je réalise pour résoudre des difficultés relationnelles. Il doit être hautement personnalisé pour être efficace.
Si cet article vous a intéressé, je vous invite à lire ma série sur l’approche systémique du burn-out.
Et puis, si vous lisez l’anglais, découvrez mon étude de cas sur un cadre qui n’osait pas se reposer.
Enfin, si mon coaching énergie vous intéresse pour vous ou pour votre équipe, n’hésitez pas à prendre contact avec moi pour une première rencontre. A bientôt et merci pour votre lecture !
Rencontrons-nous !