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Éthique du coaching : 2 dilemmes d’une coach indépendante

Mis à jour le : 17 novembre 2021

Chaque école voit l’éthique du coaching à sa porte. L’Academy of Executive Coaching où j’ai étudié en Angleterre met l’accent sur la séparation stricte entre coaching et thérapie. Une autre, celle de Palo Alto, insiste sur le respect de la responsabilité des clients : pas de demande de la part de la personne coachée, pas de coaching.

Ces deux approches ont des implications pratiques très différentes. Elles ont cependant en commun de limiter sérieusement les possibilités de développement commercial des coachs qui souhaitent exercer dans le respect du cadre éthique qu’ils et elles ont choisi.

Ces deux dilemmes éthiques : coaching v/s thérapie, et coaching v/s efficacité commerciale sont sinon quotidiens, du moins fréquents pour tout coach indépendant, avec des impacts non négligeables sur son modèle économique.

Les dilemmes éthiques coaching v/s thérapie

Je ne suis pas à l’aise avec la distinction franche entre les deux. Voici quatre idées reçues qui étayent ma position.

Idée reçue n°1. Le coaching est professionnel et la thérapie personnelle.

Le coaching recouvre des champs aussi divers que le sport, la nutrition, la vie amoureuse ou les performances professionnelles. Il est financé aussi bien par des entreprises que par des particuliers. Et surtout, à l’heure où le télétravail se développe et où l’on peine à ne pas regarder ses mails en vacances, la frontière entre vie pro et vie perso est de plus en plus poreuse. Sans compter qu’une maladie ou un conflit conjugal peuvent avoir aussi des répercussions sur la vie professionnelle.  

Idée reçue n°2. La thérapie s’intéresse au passé, le coaching au présent. 

La psychanalyse, qui n’est qu’une école de psychothérapie parmi d’autres, s’intéresse au passé. Beaucoup d’autres méthodes thérapeutiques s’intéressent à l’ici et maintenant : les thérapies comportementales, les thérapies orientées client etc. Donc attention, thérapie n’est pas synonyme de psychanalyse.
D’autre part, la plupart des approches de coaching sont des dérivés d’approches psychothérapeutiques. Le coaching psychodynamique, d’inspiration psychanalytique, s’intéresse au passé. Bref, ne cherchez pas la différence entre coaching et thérapie dans l’opposition passé / présent. 

Idée reçue n°3. Un coach est plus loyal à l’entreprise qu’un psychopraticien, tenu au secret professionnel. 

Les deux professionnels ont un devoir déontologique de servir les intérêts de leur client. Dans les 2 cas, il se peut que plusieurs personnes soient parties prenantes dans un accompagnement. Dès lors, la question de ce qui est strictement confidentiel et de ce qui est partageable se pose.

Idée reçue n°4. C’est l’individu qui paie ses consultations de psychologue, et l’employeur qui paye un coaching.

Ce n’est pas toujours le cas. Certains coachs travaillent avec des particuliers qui financent eux-mêmes leur coaching. Parfois, les employeurs mettent des psychologues à la disposition de leur personnel dans des situations particulières : plan social, traumatisme collectif, etc. Voire, ont des psychologues à demeure. Là encore, cette distinction entre les deux professions est à géométrie variable.

Qu’est-ce qui est en jeu ici ?

Le fait que cette règle éthique vienne des pays anglo-saxons, et principalement des États-Unis, a son importance. Il me semble en effet que l’enjeu ici est essentiellement celui de la responsabilité civile professionnelle de l’intervenant : que risquez-vous si un client mécontent vous traîne en justice ?

Deux pistes de résolution

  1. Savoir ce dont je suis capable et ce dont je ne suis pas capable en tant que coach. La stratégie digitale, la neurodiversité, l’orientation post-bac sont autant de sujets de coaching sur lesquels j’avoue mon incompétence, autant que sur le traitement des troubles alimentaires, les troubles psychiatriques lourds ou la thérapie de couple.
  2. Signer un contrat de coaching au démarrage de chaque accompagnement. En explicitant bien les attentes respectives et les limites de l’intervention. Conseils ou pas ? Compréhension du pourquoi ou mise en lumière du comment ? Exploration des émotions ou pas ? etc. Ne pas hésiter à remettre ce contrat à jour pendant le coaching si c’est nécessaire.

Les dilemmes éthiques efficacité du coaching v/s efficacité commerciale

« Tu l’as relancée suite à votre rencontre ? Elle avait super apprécié le contact avec toi ! ».

Des questions comme celle-ci sont amicales et bien intentionnées. Elles font aussi preuve d’un bon sens commercial élémentaire.

Une intention bienveillante

Les personnes qui m’envoient des proches ou des collègues pour un coaching ont toutes pour intention de les aider à résoudre une question qu’ils ou elles n’arrivent pas à résoudre seul.e.s ; elles ont toutes également l’intention de m’aider à développer mon business. De leur point de vue, c’est faire d’une pierre deux coups. Mieux : d’une mise en contact, deux bénéficiaires.

Ajoutez à cela le B-A-BA de l’efficacité commerciale.

Laisser ses prospects réfléchir un peu, c’est de bon aloi. Leur laisser le temps de changer d’avis, c’est perdre des ventes. Les pros de la vente qui font leurs objectifs sont celles et ceux qui savent relancer leurs clients jusqu’à la signature du contrat ou un refus explicite. L’incitation est assumée. 

Mais alors, où est le dilemme éthique ?

Pour les tenants de l’école de Palo Alto dont je suis, il n’y a de coaching possible que s’il y a une demande de la part de la personne à coacher, et que cette demande est suffisamment forte pour l’obliger à prendre l’initiative. Changer c’est difficile et il faut de la motivation pour s’en donner les moyens.

Si cette demande vient du chef ou des RH, le « coaché désigné » est assigné au rôle de victime de « tous ces gens qui veulent faire mon bien malgré moi ».

Si cette demande vient de moi, je sors d’entrée de jeu de la posture de neutralité qui doit être la mienne. Dès lors que je « veux » plus fort que mon ou ma cliente, je vais aussi travailler plus fort et vous pouvez légitimement me demander pour qui je vais travailler. Pour mon chiffre d’affaires ? Pour mon besoin d’aider ? Une chose est sûre : en voulant plus que mes clients, je ne ferai qu’entretenir leurs problèmes en prenant sur mes épaules la responsabilité de leur changement. Et ça, ça ne fait pas partie de mon éthique de coaching.

Mon éthique de coaching

Malgré toute la gratitude que j’ai pour les personnes qui me recommandent des proches, ou qui offrent des séances de coaching à un ou plusieurs bénéficiaires dans tel ou tel cadre, je ne relance pas. Parce que la décision de faire un travail sur soi ne se délègue pas.

Pour conclure

Ces dilemmes d’éthique du coaching ne sont que 2 illustrations des nombreuses tensions de la vie des coachs indépendants.

sont également leur propre service marketing, commercial, recouvrement. Chacune de ces fonctions me demande de choisir les intérêts que je sers à un moment donné : ceux de mes clients ou les miens. Côté clients, ces différents intérêts sont généralement défendus par des personnes distinctes. En tant qu’indépendante, c’est à moi de tout assurer, et de faire des choix que je suis capable d’assumer dans la durée.

Si cet article sur l’éthique du coaching vous a intéressé, je vous invite également à lire, sur ce blog :

Vivre du coaching : la réalité derrière les fantasmes.

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