Chaque école voit l’éthique du coaching à sa porte. L’Academy of Executive Coaching où j’ai étudié en Angleterre met l’accent sur la séparation stricte entre coaching et thérapie. Une autre, celle de Palo Alto, insiste sur le respect de la responsabilité des clients : pas de demande de la part de la personne coachée, pas de coaching.
Ces deux approches ont des implications pratiques très différentes. Elles ont cependant en commun de limiter sérieusement les possibilités de développement commercial des coachs qui souhaitent exercer dans le respect du cadre éthique qu’ils et elles ont choisi.
Ces deux dilemmes éthiques : coaching v/s thérapie, et coaching v/s efficacité commerciale sont sinon quotidiens, du moins fréquents pour tout coach indépendant, avec des impacts non négligeables sur son modèle économique.
Je ne suis pas à l’aise avec la distinction franche entre les deux. Voici quatre idées reçues qui étayent ma position.
Le coaching recouvre des champs aussi divers que le sport, la nutrition, la vie amoureuse ou les performances professionnelles. Il est financé aussi bien par des entreprises que par des particuliers. Et surtout, à l’heure où le télétravail se développe et où l’on peine à ne pas regarder ses mails en vacances, la frontière entre vie pro et vie perso est de plus en plus poreuse. Sans compter qu’une maladie ou un conflit conjugal peuvent avoir aussi des répercussions sur la vie professionnelle.
La psychanalyse, qui n’est qu’une école de psychothérapie parmi d’autres, s’intéresse au passé. Beaucoup d’autres méthodes thérapeutiques s’intéressent à l’ici et maintenant : les thérapies comportementales, les thérapies orientées client etc. Donc attention, thérapie n’est pas synonyme de psychanalyse.
D’autre part, la plupart des approches de coaching sont des dérivés d’approches psychothérapeutiques. Le coaching psychodynamique, d’inspiration psychanalytique, s’intéresse au passé. Bref, ne cherchez pas la différence entre coaching et thérapie dans l’opposition passé / présent.
Les deux professionnels ont un devoir déontologique de servir les intérêts de leur client. Dans les 2 cas, il se peut que plusieurs personnes soient parties prenantes dans un accompagnement. Dès lors, la question de ce qui est strictement confidentiel et de ce qui est partageable se pose.
Ce n’est pas toujours le cas. Certains coachs travaillent avec des particuliers qui financent eux-mêmes leur coaching. Parfois, les employeurs mettent des psychologues à la disposition de leur personnel dans des situations particulières : plan social, traumatisme collectif, etc. Voire, ont des psychologues à demeure. Là encore, cette distinction entre les deux professions est à géométrie variable.
Le fait que cette règle éthique vienne des pays anglo-saxons, et principalement des États-Unis, a son importance. Il me semble en effet que l’enjeu ici est essentiellement celui de la responsabilité civile professionnelle de l’intervenant : que risquez-vous si un client mécontent vous traîne en justice ?
« Tu l’as relancée suite à votre rencontre ? Elle avait super apprécié le contact avec toi ! ».
Des questions comme celle-ci sont amicales et bien intentionnées. Elles font aussi preuve d’un bon sens commercial élémentaire.
Les personnes qui m’envoient des proches ou des collègues pour un coaching ont toutes pour intention de les aider à résoudre une question qu’ils ou elles n’arrivent pas à résoudre seul.e.s ; elles ont toutes également l’intention de m’aider à développer mon business. De leur point de vue, c’est faire d’une pierre deux coups. Mieux : d’une mise en contact, deux bénéficiaires.
Laisser ses prospects réfléchir un peu, c’est de bon aloi. Leur laisser le temps de changer d’avis, c’est perdre des ventes. Les pros de la vente qui font leurs objectifs sont celles et ceux qui savent relancer leurs clients jusqu’à la signature du contrat ou un refus explicite. L’incitation est assumée.
Pour les tenants de l’école de Palo Alto dont je suis, il n’y a de coaching possible que s’il y a une demande de la part de la personne à coacher, et que cette demande est suffisamment forte pour l’obliger à prendre l’initiative. Changer c’est difficile et il faut de la motivation pour s’en donner les moyens.
Si cette demande vient du chef ou des RH, le « coaché désigné » est assigné au rôle de victime de « tous ces gens qui veulent faire mon bien malgré moi ».
Si cette demande vient de moi, je sors d’entrée de jeu de la posture de neutralité qui doit être la mienne. Dès lors que je « veux » plus fort que mon ou ma cliente, je vais aussi travailler plus fort et vous pouvez légitimement me demander pour qui je vais travailler. Pour mon chiffre d’affaires ? Pour mon besoin d’aider ? Une chose est sûre : en voulant plus que mes clients, je ne ferai qu’entretenir leurs problèmes en prenant sur mes épaules la responsabilité de leur changement. Et ça, ça ne fait pas partie de mon éthique de coaching.
Malgré toute la gratitude que j’ai pour les personnes qui me recommandent des proches, ou qui offrent des séances de coaching à un ou plusieurs bénéficiaires dans tel ou tel cadre, je ne relance pas. Parce que la décision de faire un travail sur soi ne se délègue pas.
sont également leur propre service marketing, commercial, recouvrement. Chacune de ces fonctions me demande de choisir les intérêts que je sers à un moment donné : ceux de mes clients ou les miens. Côté clients, ces différents intérêts sont généralement défendus par des personnes distinctes. En tant qu’indépendante, c’est à moi de tout assurer, et de faire des choix que je suis capable d’assumer dans la durée.
Rencontrons-nous !