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Et si retrouver sa zone de confort était plus malin que d’en sortir ?

Mis à jour le : 14 septembre 2022

La zone de confort, c’est la mère de toutes les paresses, de tous les échecs, de tous les regrets. Alors qu’au-delà, il y a le bonheur, la magie, l’épanouissement et le succès, comme sur ces photos truquées où l’on voit des gens sauter gracieusement dans le vide… sans conséquence fâcheuse. Enfin c’est marrant, je n’ai jamais vu de photos d’atterrissage de ces sauts de l’ange.

Cette injonction à sortir de sa zone de confort est culpabilisante, et bien souvent contreproductive. Elle incite à prendre des risques sans en mesurer les conséquences ni les conditions de succès.

Pour moi, le changement, c’est précisément l’inverse. C’est retrouver sa zone de confort. Celle dans laquelle on se sent en confiance et en accord avec soi-même. Illustration à travers deux exemples.

Ne pas confondre zone de confort et autonomie financière.

Ninon n’est pas heureuse dans son boulot.

Les projets sur lesquels elle travaille sont de moins en moins intéressants. Ses chefs trouvent sans arrêt à redire à son travail sans jamais lui montrer comment elle pourrait faire mieux. Elle a manifesté son intérêt pour un poste qui se libérait en interne et correspondait mieux à ses qualifications que son poste actuel. Sa tentative a été accueillie par une fin de non-recevoir embarrassée. En bref, son patron a beau dire qu’il n’est pas content d’elle, il a besoin d’elle à son poste et pas ailleurs. Cela étant, il ne vire pas Ninon, ce qu’il n’a pas hésité à faire sans ménagements avec plusieurs de ses collègues. Ninon commence à rassembler des renseignements et des lectures, afin de faire le point sur son parcours professionnel et préparer la suite pendant l’été. Elle envisage même de faire un bilan de compétences.

A la rentrée, son projet n’a guère avancé.

– Je devrais sortir de ma zone de confort, je sais que je PEUX faire mieux que ça !
– Qu’est-ce qui t’en empêche ?
– Le marché du travail.
– Qu’est-ce qui pourrait t’arriver de pire ?
– Trouver un nouveau job et me faire virer pendant ma période d’essai en pleine crise économique. Les derniers embauchés sont toujours les premiers virés.
– Et dans ce cas, qu’est-ce qui pourrait se passer de pire ?
– De ne pas retrouver de boulot assez vite, je n’ai que quelques semaines d’autonomie financière.

Mon point de vue de coach sur cette histoire de zone de confort

1e risque de perdre sa sécurité financières, c’est une bonne raison de ne pas vouloir changer de boulot à la légère. Une source de revenu stable en temps de crise n’est pas une “zone de confort”. C’est au contraire une sécurité alimentaire vitale pour beaucoup d’entre nous. Ninon a parfaitement raison d’être prudente quant aux conséquences de ses décisions, car elle est la seule à les assumer.

La question qui a permis à Ninon d’avancer, c’est : qu’est-ce qui te permettrait de supporter l’inconfort de ta situation actuelle, le temps que les circonstances économiques redeviennent plus propices à la prise de risque ?

La zone de confort, on en est encore loin. Mais au moins, Ninon a fait un choix dont elle est prêt à assumer les conséquences.

Trop de confort tue la zone de confort

Flatté d’avoir été chassé pour un poste de Directeur Général dans une maison prestigieuse, Olivier s’est vite rendu compte que la culture de la maison était poussiéreuse et mesquine, mais surtout qu’il n’avait pas les coudées franches . Bien au contraire, le propriétaire garde la main sur tout. Olivier en est réduit à jouer les exécutants de luxe. Non seulement il s’ennuie, mais il constate tous les jours le gâchis produit par des manières de travailler hors d’âge. 

« De quoi te plains-tu ? lui demande sa femme. Souviens-toi de l’époque où tu rêvais de ce que tu as aujourd’hui ». De fait, quand il se retourne sur ses origines sociales modestes, Olivier s’en veut de cracher dans la soupe.

Changer les choses de l’intérieur.

N’étant pas homme à s’endormir dans sa zone de confort, Olivier entreprend de comprendre l’organisation dans ses moindres détails. Après tout, quels que soient ses a priori sur la culture de l’entreprise, il faut bien reconnaître une chose : le business est florissant.

Il va sur le terrain, écoute les salariés qui n’ont pas vu l’ombre d’un directeur général depuis des générations. Oh surprise, il accompagne les commerciaux chez les clients. Comble d’innovation, il va jusqu’à faire un séjour en immersion à la DSI. Il veut comprendre de l’intérieur comment fonctionnent ces systèmes dont tout le monde se plaint mais que personne n’arrive à changer. Au bout de quelques mois, son diagnostic en poche, Olivier attend le bon moment pour pouvoir commencer à faire bouger les lignes.

La vengeance du système

Lors de son premier entretien d’évaluation, Olivier se fait remettre sèchement en place par son Président, qui trouve de très mauvais goût qu’un Directeur Général aille comme cela mettre son nez dans le cambouis. « Restez à votre place mon cher, je ne vous ai pas embauché comme chef de projet informatique, ni comme commercial, et encore moins comme contremaître ». 

Tout le monde n’a pas la même définition de la zone de confort

En désespoir de cause, Olivier qui ne veut pas lâcher un si beau poste, se fait coacher. Assez rapidement, il comprend que ses tentatives de faire bouger les choses créent des résistances de toutes part. Il comprend aussi que le confort qu’on lui propose dans ce poste n’est pas le confort auquel il aspire. Lui, au fond, c’est un homme d’action. Il se sent confortable quand il est aux manettes, quand ça bouge, quand il voit les résultats de son action. A la maison où il s’épanche sur sa frustration, l’ambiance est devenue irrespirable;

– Et si vous deviez vous rendre compte que vous n’aurez jamais cette capacité d’action dans cette entreprise, que feriez-vous ? 

– Ah c’est très simple, je m’en irais tout de suite.

La réponse est sortie comme une fusée.

Le week-end suivant, Olivier a eu une discussion avec sa femme et ils se sont mis d’accord. Ca n’a pas été facile, mais la paix du ménage est passée avant un statut auquel Madame tenait plus que lui.  La semaine suivante, Olivier a pris rendez-vous avec son Président pour négocier son départ.

Mes apprentissages

Plus ça va, plus mes clients m’apprennent qu’on ne change que quand la situation actuelle devient vraiment inconfortable et que le chemin pour quitter cet inconfort de départ est rendu psychologiquement accessible et matériellement assumable. 

La normativité de ces injonctions du développement personnel fait, à mon avis, plus de mal que de bien. Dans ma posture de coach, je fais de mon mieux pour être la moins normative possible. Mes coachés seuls savent ce qui est bon pour eux.

Si cet article vous a intéressé et que vous voulez en savoir plus, découvrez d’autres aspects de mes principes de coaching systémique.

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