Toutes nos interactions professionnelles peuvent-elles être durablement vécues à distance ? oui pour l’essentiel, mais pas n’importe comment.
La question de la pérennisation post-confinement des réunions à distance se pose déjà : économies de temps, de frais de déplacement, sécurité sanitaire… les arguments ne manquent pas. L’expérience intensive que nous sommes en train d’acquérir des réunions à distance m’amène à réfléchir à leurs opportunités et à leurs limites, pour répondre avec discernement aux demandes de mes clients.
La plupart des webinaires auxquels j’ai participé proposent une ou plusieurs sessions de questions-réponses au moins par chat, ainsi qu’un replay.
La seule limite que j’y ai vue est ma propre capacité d’attention en tant que participante. Au bout de 10 minutes d’écoute passive, je m’endors ou j’ai besoin de me lever. Ma meilleure expérience d’un contenu purement informatif a été un webinaire de 40 minutes en 4 parties de 6-8 minutes d’exposé chacune, suivie de 2-3 minutes de questions-réponses par chat. Ce webinaire faisait partie d’une série de 5, qui abordaient 5 aspects différents de la même question. Cette manière courte, focalisée, structurée et rythmée d’exposer des contenus correspond mieux à ma manière de recevoir de l’information que des réunions ou les formations d’1/2, 1, voire 2 jours, durant lesquelles je meurs d’ennui. Ce n’est pas par hasard que les TED talks ne durent jamais plus de 18 minutes.
C’est seulement plus difficile et plus fatiguant. L’établissement du rapport, le travail sur les émotions et le non-verbal, le travail corporel sont tout à fait possibles à distance. Je ne suis même pas certaine qu’il soit nécessaire d’avoir rencontré son coaché « en vrai » pour créer une bonne relation de coaching. En tout cas, ce n’est pas mon expérience. La différence avec le coaching en présentiel est la concentration dont j’ai besoin pour lire le non-verbal et le para-verbal de mes client.e.s. En tout état de cause, ça ne devrait pas être payé moins cher que le présentiel, comme le suggèrent certaines grilles tarifaires. L’économie se situe dans le temps et les frais de transport
Je le pratique aussi en dépannage, mais autant je peux m’accommoder d’une qualité visuelle légèrement dégradée par la vidéo, autant j’ai du mal à m’en passer complètement. J’observe qu’en audio pur, je sens moins bien quand mon interlocuteur a fini de parler, je mets plus de temps à percevoir ses émotions, et mon attention est plus focalisée sur le discours que sur la relation. Tout cela crée une forme d’anxiété chez moi qui parasite mon travail. Cela fait beaucoup de mes leviers de coaching qui disparaissent. Pour moi, l’audio est un pis-aller contrairement à la vidéo, qui peut avantageusement remplacer le présentiel.
Cette méthode québécoise d’apprentissage entre pairs contient dans son principe même les conditions de son succès en ligne :
Mais sur ce sujet, c’est Claude Champagne et son équipe de l’AQCP qui en parlent le mieux.
Une fois encore, je suis très réservée par rapport aux versions audio, mais je ne veux pas ériger une limite personnelle en conseil à portée générale.
J’ai beaucoup moins de recul sur cette pratique-là, mes observations viennent principalement de mes clients. La transposition en ligne des pratiques de bureau est tout à fait possible quand on a un sujet cadré, préparé, un objectif de sortie de réunion clair, un timing serré et des participants engagés et disciplinés. En bref, si tous les travers de la réunionite à la française sont évacués. Du peu que j’ai pu expérimenter en tant que participante ou observatrice, il suffit que l’un de ces travers subsiste pour que la réunion soit une véritable corvée que les participants vont fuir d’une manière ou d’une autre. Pour moi, la transposition des réunions en ligne suppose un changement de méthode significatif par rapport à la pratique de la réunion à la française, contrairement aux usages anglo-saxons, plus structurés, guidés par le temps et avec une discipline de participation très différente de nos réunions latines.
La distance permet de nouer des relations de qualité, en individuel et en collectif, pourvu que l’éloignement physique soit compensé par un surcroît de méthode et d’attention.
Il est possible d’interagir en individuel presque aussi bien à distance qu’en présentiel
Dès qu’on dépasse 4 personnes, la distance implique un changement de méthode significatif, j’y reviendrai dans un prochain article.
La régulation des relations, qui se passe de manière interstitielle au bureau, a besoin d’être plus formelle et requiert de chacun une prise d’initiative et de responsabilité accrue.
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